Les jolis moments humeurs

Une chambre à soi

Récemment, j’ai eu besoin de me poser, de réfléchir. J’étais terriblement oppressée et je ne savais plus trop  ce que je devais faire. J’avais mal à la tête, j’étais fatiguée,  Je ne voulais pas rentrer chez moi à cause des travaux.

Je suis allée chez ma mère, m’allonger dans ma chambre, mon ancienne chambre, celle de mon enfance et de mon adolescence. Malgré les passages des nièces et du koala, elle n’a pas beaucoup changé :  le mur en pente recouvert de bois, mon lit juste en-dessous, la petite bibliothèque, mon bureau face à la fenêtre, la grande armoire à droite, les rideaux Laura Ashley et le même tapis beige. Il manque mes photos de chevaux, de cavaliers, mes flots, mes coupes, mes bouquins mais l’esprit demeure. Je me souviens de notre première visite dans cette maison. Je devais avoir 8 ans et j’ai tout de suite adoré cette petite chambre, tout au au bout du couloir, le mur en pente lui donnait un petit air de cabane. Et je l’ai choisie . Heureusement,  ma sœur avait préféré la plus grande celle qui donne sur le jardin. Pas de dispute.


Je ne sais pas pourquoi, j’ai eu besoin d’aller m’y réfugier. C’est une chance immense, à mon âge, d’avoir toujours accès à mon petit nid qui m’a vu rire, pleurer, soupirer, râler, glousser,  rêver….grandir  J’ai laissé défiler mes pensées et mes émotions sans les filtrer. Je me sentais en sécurité dans mon cocon. Les souvenirs sont venus me caresser tendrement. Je me suis revue grimpant sur le toit, me balançant dans les arbres, dévalant la pente du garage sur mes vieux patins à roulettes. Je me suis revue libre, téméraire, intrépide, aventureuse, solitaire, rêveuse. Je me suis dit que tout ça était en moi, quelque part qu’il fallait juste prendre le temps de le retrouver, de trier, jeter, fouiller et que ça finira bien par revenir. Que tout ça m’avait rendue solide.

Là, j’ai encore beaucoup de peurs, de craintes, de nœuds. Mais ça viendra quand je serai prête. Si je fais souvent confiance au destin, au karma, je manque souvent de confiance en moi.  
Il faudra que j’aménage une chambre à moi dans ma maison,  installer un petit nid rien que pour moi, une cabane, un refuge. Et relire le livre de Virginia Woolf :  » il est bien désagréable d’être enfermé au-dehors ; puis je pensais qu’il est pire peut-être d’être enfermé dedans … »

18 réflexions au sujet de « Une chambre à soi »

  1. Ton billet m’a fait monter les larmes aux yeux…Il y a 45 ans, mes parents ont vendu la maison de ma naissance, mon enfance et de mon adolescence.
    Longtemps, je n’ai pas voulu aller la revoir. Le coeur et les souvenirs trop serrés, étouffés.
    Je me suis décidée, il y a 5 ans, voulant filmer le trajet de ma maison à celle de ma voisine et amie de toujours, pour son anniversaire. Sur la vidéo, on entend mon souffle coupé par l’émotion , on devine les larmes.
    Ma maison avait  » rétréci », la distance entre nos 2 maisons aussi, mais tous mes souvenirs, eux, me semblaient immenses de précision.
    Souvent, très souvent, je repense à cette maison doudou…à ma chambre que j’ai partagé avec mes 3 soeurs, pendant une dizaine d’années.
    Je te lis et je te comprends. Je te lis et je pleure. Cette foutue période Covid m’angoisse souvent ! Mais, aujourd’hui, je suis apaisée par mes doux ( et moins doux) souvenirs. Malgré mes larmes, je suis contente d’avoir vécu là où j’ai grandi. Je n’ai jamais pu revoir cette chambre où je me réfugiais si souvent et c’est là mon plus grand regret.Happy days !

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    1. C’est très touchant ce que tu écris….. Je sais qu’un jour la maison de mes parents va aussi disparaitre et ce sera très éprouvant. Car après la mort de mon père, j’y ai trouvé refuge et consolation. Je comprends tellement ton émotion. Merci pour tes mots. Et oui haut les coeurs ! (et quelle belle idée tu as eu pour ton amie, c’est magnifique )

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      1. Je crois qu’il faut trouver des moyens pour ne jamais laisser s’échapper le souvenir des endroits qui nous ont rendu heureux…en vieillissant, j’ai tellement peur que l’oubli ne s’installe dans ma mémoire…papa nous filmait, dans les années 60, lorsque j’étais enfant. Il n’y avait pas de son, bien sûr, ni de couleur ( sauf les derniers), mais je suis heureuse qu’une de mes soeurs ait pensé à en faire mettre quelques-uns, sur un cd.
        Ah, j’ai mis longtemps, avant d’oser les regarder, après le décès de papa ! Mais, même si les larmes coulent encore parfois, je replonge dans mes souvenirs, en remerciant papa, pour ce beau cadeau.
        Prends bien soin de toi ! Merci à toi !

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  2. Quel beau billet, comme il a dû être doux ce moment que tu nous racontes là ❤
    Je comprends et je partage ton envie d'un espace rien qu'à soi, je pense que c'est important et j'espère que tu l'auras très rapidement ! Je t'embrasse fort !

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  3. Tout plein de souvenirs sont revenus à la lecture de ton texte, avec des images! Mes parents ont vendu leur appartement il y a quelques années et à l’époque ça a été un peu compliqué de fermer cette page de vie.
    Mais tu vois rien que le fait d’y penser ça m’a fait me sentir bien. Peut-être aussi parce que tes mots traduisent bien cette sorte d’apaisement dans un endroit familier, qui redonne de l’énergie quand on repense aux enfants qu’on a été.
    Merci!

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    1. J’aime bien ton point de vue. C’est vrai que finalement on a tellement de richesses en nous. Parfois aussi, je ferme les yeux et je revois l’appartement de ma grand-mère, je pourrais presque sentir les odeurs de cire, de chicoré….
      Merci à toi.

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  4. Oui c’est un très joli billet, plein d’émotions et de souvenirs dont il est bon de se rattacher. C’est drôle car souvent je dis  » je voudrai me reconnecter à mon enfant intérieur  » et à la lecture de ton billet , je réalise que c’est pas possible de me reconnecter à cet enfant intérieur car en réalité il ne peut pas s’être déconnecté, il est au fond de moi, fait parti de moi.

    Merci
    J’espère que tu auras l’occasion de t’emménager un petit espace à toi, je sais à quel point c’est important.

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    1. C’est effectivement assez étrange car j’ai parfois l’impression que cet enfant est très loin, presque effacé mais il suffit que je prenne un peu de recul, que je me pose pour le sentir très vivant, très proche et ça fait du bien 🙂
      Merci pour ton commentaire.

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  5. C’est toujours bon de te lire. Cette chance de pouvoir retourner dans sa chambre et de mesurer le chemin parcouru, de s’y réfugier. Je suis une grand privilégiée de ce côté là (au moins ce soir, je suis capable de le reconnaitre :))) et je ne peux que t’encourager à fonder, c’est le mot, Ta Chambre à Toi. Je te sais engagée, persévérante, créatrice de ta vie. Alors certes nous devons subir des hauts et des bas, mais ce sont les bas qui nous tirent vers le haut. Pas le contraire. Avec peu, et le challenge peut être très intéressant, tu peux te créer un cocon, qui va évoluer, c’est sûr, et en plus, s’il y a confinement à nouveau, tu pourras t’y réfugier et te réinventer.
    Je t’embrasse !

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    1. Quel beau message, si profond , si sage !
      Il est toujours étrange de se découvrir à travers le regard des autres et cela me surprend et me touche évidement en cette période de doute.
      Moi aussi je t’embrasse….

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  6. Un très joli billet, intérieur et profond.
    J’aimerais retrouver ma chambre d’ado mais hélas…voilà une chose à laquelle il me faut aussi renoncer…
    J’aime quand tu parles de toi et que l’on peut s’identifier à tes écrits.
    Mélancolique, tendre et déterminée quelque part on se ressemble
    Bisous ma miss
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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  7. Miss Zen,
    Votre billet m’a beaucoup émue… J’ai moi-même eu la chance pendant longtemps de pouvoir retrouver la chambre mais aussi le grenier de mon enfance. C’est tellement précieux ! A chaque âge, ses jouets, ses livres, son imaginaire, ses souvenirs…C’était bon de se sentir reliée à toutes ces étapes du passé. La maison de famille a été vendue il y a 3 ans, mais heureusement, ces lieux continuent à me porter et à m’habiter.
    Un peu de temps a passé depuis votre texte, j’espère que vous avez pu vous créer ce nouveau nid rien qu’à vous.
    Merci pour votre blog très inspirant.
    Camarlette

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