De l’art du thé en Gaule.

Avez-vous remarqué que les garçons de café parisiens nettoient les tables avec des petits torchons qu’ils se refilent depuis la fin de la guerre ? Ces petites lavettes (je pense que c’est un mot belge, lavette. Comment dit-on en France : un petit torchon?) semblent avoir aussi nettoyé les couloirs du metro et dégagent une odeur nauséabonde entre l’eau de javel et l’eau moisie… Une odeur entêtante qui vous gâche le thé; la plupart du temps il n’y a certes pas grand chose à gâcher vu que le garçon de café parisien ne vous sert que du thé tiède…en même temps, ce sont des garçons de café, ahahahaha.

Évidemment au Lutetia, pas de petits torchons infects. Le prix du thé inclut le coût du renouvellement du torchon à chaque service et l’eau chaude en prime. Du coup, on ne peut pas se le permettre tous les jours, ni même tous les week-ends. Mais quel endroit ! Je m’y sens en dehors du temps comme une héroïne de roman de Zweig. Les fauteuils sont profonds, les tapis moelleux et la lumière sombre…

Sombre était mon humeur après ma teinture maison « Casting Crème Gloss de L’Oréal ». Je devrais me réjouir car ma couleur n’a pas changé d’un pouce: j’aurais pu me retrouver rousse, voire rouge ou lavande grand-mère.
Mais sur ma choucroute, impossible de remarquer la moindre différence, mes petits cheveux blancs restent bien blancs, mes racines noires sont intactes et mes pointes roussies aussi… Quant a la brillance « gloss » et la merveilleuse couleur pralinée, c’est morne plaine.

Toujours est-il que toute ma frustration est ressortie sous la forme d’un bouton parfaitement centré sur le front. Que dis-je un bouton : une licorne ! Il me faisait aussi mal qu’une grosse bosse. Le dit bouton a, bien entendu, atteint sa taille maximale le jour où Miss « Pretty Hipe » from Manhattan a débarqué au bureau : un teint de miel, de longs cheveux épais et brillants, des yeux couleur lagon, une bouche sensuelle et la voix qui va avec, taille 34, 1m76, marchant sur ses talons aiguilles comme moi en pantoufle.

J’avais l’impression d’être Josiane Balasko dans « Les hommes préfèrent les grosses » ou, pour les plus jeunes ou celles qui ne connaissent pas ce monument du cinéma, Britney Spears bourrée face à Diane Kruger en robe du soir.

Je me la suis farcie jusqu’à vendredi. Ce sont les rugbymen qui, malgré la défaite, m’ont redonné force et espoir : surtout Chabal et un certain Adrien qui n’a pas échappé à mon œil de lynx. J’étais en manque de testostérone, de poils, de muscles, de sueur, d’authentique et de bravitude, voire de « bourrutude ».

Chabal, il sera peut-être disponible pour asticoter le nain de jardin qui me sert de boss. Ce Républicain plus ultra que Bush, que la France et les Français insupportent, obsèdé par l’ordre, le respect des gradés et de la propreté et qui ne vénère que le dollar, l’entreprise et le profit.

Citoyens: vive Chabal, la gnôle, le cassoulet, les torchons qui puent, la Gaule et les Gaulois !